Regards artistiques croisés autour du tapa et inspirations lunaires : Miriama Bono et Hinatea Colombani exposent ensemble pour la première fois.
À la suite de la Biennale de Sydney, dès son retour à Tahiti, Hinatea Colombani révéla plus de 25 œuvres confectionnées en tapa et pigments naturels lors de l’exposition HOTU – Lune à l’autre, aux côtés de Miriama Bono.
Salle Muriavai, Maison de la culture – Te Fare Tauhiti Nui, du 26 au 30 mars 2024. Deux sensibilités artistiques se croisent et mettent en place un dialogue singulier à travers les matières, les pigments naturels et les supports d’expression, mêlant traditions et modernité dans une alliance subtile et délicate entre couleurs et textures, qui éveille les sens. Tous les sens.
Cette exposition est le fruit d’une réflexion commune entamée depuis leur rencontre en 2017, autour de l’art et la culture. Car c’est au Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Iamanaha que les artistes se sont rencontrées, et leur complicité s’est fondée sur leur volonté de transmettre et partager leurs savoirs-faire et connaissances. Elles ont ainsi façonné ensemble cette exposition pendant trois mois, déclinant des références visuelles récurrentes d’une œuvre à l’autre. Entre tradition et modernité, les deux artistes déploient avec enthousiasme la thématique de la fertilité et des lunaisons, s’appuyant sur leurs connaissances respectives du patrimoine polynésien, tout en s’autorisant une interprétation contemporaine.
Aussi pour Hinatea, ce fut l’occasion de se confronter à une approche artistique lui permettant de se révéler en tant que créatrice et artiste, avec la complicité de Miriama, plus expérimentée dans sa pratique. Quant à Miriama, cette confrontation lui a donné l’opportunité d’utiliser les teintures végétales développées par Hinatea, l’amenant à considérer la matière différemment. Ainsi elles ont toutes deux utilisé des teintures à bases de ti’a’iri, noni, tou, re’a Tahiti et mati confectionnées par Moeava Meder, le compagnon de Hinatea… Une expérience inspirante puisque les couleurs qui se sont imprégnées sur le tapa ou sur la toile sont différentes, car la réaction avec le support était spécifique. Une découverte qui les a conduites à expérimenter plusieurs combinaisons, renouvelant ainsi chacune leur univers pictural.
Une démarche riche de nouvelles perspectives, qui leur a ainsi permis de développer chacune une quinzaine d’œuvres qui se répondent et résonnent. Unique en son genre, l’exposition propose ainsi un univers foisonnant, d’une trentaine d’œuvres, aux supports différents où les techniques se mêlent pour offrir une exubérante ode à la lune, aux étoiles et aux cycles de la vie. Bien plus qu’une exposition artistique, cet événement est aussi l’occasion d’évoquer les problématiques liées au patrimoine immatériel et à une utilisation contemporaine des savoirs-faire ancestraux.
Pour la première fois, Hinatea COLOMBANI et son conjoint Moeava MEDER ont présenté au public polynésien leurs premières pièces de tapa, entièrement réalisées par leurs soins : de la culture des plants et la récolte des matières premières nécessaires à la confections des pièces de tapa jusqu’à l’ornementation de chaque pièce, en passant par la réalisation des outils nécessaires à chaque étape de confection, le battage des pièces vierges de tapa et la réalisation des teintures naturelles à partir de plantes et de minéraux locaux.
Une expérience artistique 360° qui a ému les visiteurs, amateurs ou non de tapa, curieux d’en savoir plus sur cet art traditionnel en pleine effervescence !
L’accueil positif reçu durant la Biennale de Sydney, auprès d’un public étranger, de la part de spécialistes des arts, collectionneurs et autres artistes en tous genres, qu’auprès du public polynésien, référents culturels et artistes locaux, fut gage de bienveillance et d’encouragements à poursuivre cet élan de créativité, au cœur de l’engagement artistique et culturel porté par Hinatea Colombani et Moeava Meder, déterminés à poursuivre leurs démarches et à multiplier les projets artistiques pour faire rayonner l’art du tapa sous nos latitudes… et au-delà !