Le tapa : une œuvre d’art
Depuis, le jardin du Centre Culturel ‘ARIOI s’est transformé : il est rempli de plants de aute, mûriers à papier. Moeava Meder et Hinatea Colombani ne pensent et ne vivent que pour le tapa, fascinés par son histoire et ses possibilités futures. « Le tapa, c’est le fil rouge. Le lien entre le passé, le présent et le futur. Il porte l’identité, le cérémoniel, le quotidien, la féminité. » Moeava fabrique les outils avec et sur lesquels ils battent le tapa : le tutua (l’enclume) et le i’e (le battoir).
« Nous voulions être indépendants et faire nos propres outils. C’est tellement plus intéressant de les fabriquer nous même que de les acheter. Et puis ils sont adaptés », raconte-t-il. Moeava et Hinatea font le tour du jardin plusieurs fois par semaine pour enlever les bourgeons et éviter ainsi les trous dans le liber.
Après plusieurs rencontres avec des tapa makers du Pacifique, Hinatea Colombani a été invitée à participer à la Biennale de Sydney et exposera prochainement à Tahiti avec Miriama Bono, une peintre polynésienne reconnue.
Jamais elle ne se serait pensée artiste mais la voilà penchée sur ses tapa, se laissant guider pour y laisser des motifs, raconter une histoire, trempant ses pinceaux dans les teintures qu’ils ont fabriqué à partir de matière minérale ou végétale.
« On s’éclate ! On travaille des produits uniques car les plantes et les teintures sont uniques. »
Ils viennent de lancer leur propre marque : Tapa Tahiti avec laquelle ils souhaitent promouvoir leur savoirs-faire et leurs œuvres.
« On souhaite que quand une personne nous achète un tapa, ce n’est pas seulement un objet qu’elle va acquérir, mais c’est nous offrir la possibilité de dégager du temps pour la création, la recherche, la transmission de nos savoirs-faire. Ils n’achètent pas qu’une œuvre, ils achètent une intention : celle de faire revivre cet art. »
Dans le jardin, c’est la plante qui détermine ce qu’elle deviendra : un tableau, un costume, un cadeau. « Le tapa, c’est notre vie, notre présent, notre futur, on continue à tisser ce fil rouge. »