HC.

Hinatea

« Raviver les traditions et que la culture soit cool ! »

Appuyée à sa grande table, elle se penche, pinceau à la main sur un grand tapa. Elle dessine les motifs avec douceur et attention, se laissant bercer par la musique et son instinct. 

Jamais elle n’aurait cru devenir artiste et exposer un jour. Et aujourd’hui, elle montre ses œuvres avec fierté, racontant l’histoire du tapa mais aussi des motifs qui les décorent. 

« Mon histoire avec le tapa, ce n’est que de l’instinct. »
 
Hinatea Colombani a d’abord été unegrande danseuse de ‘Ori Tahiti, danse tahitienne. Elle fait ses premiers pas avec Makau Foster, continue avec Manouche
Lehartelet participe aux tournées à l’international du groupe Toa Reva. Quelques années plus tard elle travaille comme
assistante auprès de MakauC’est en 2008 qu’elle ouvre sa propre école de danse tahitienne qu’elle nomme Matehaunui
 
 
 
Mais rapidement, enseigner la danse n’est pas suffisant. Cette grande curieuse a toujours eu soif de connaissancespassant son temps libre dans les bibliothèques à lire
tout ce qui concernait la culture polynésienne. Elle souhaite que ses élèves visitent des lieux culturels, apprennent les percussions traditionnelles, chantent, découvrent le fa’a’apu…  «Petite, j’avais déjà cette curiosité, comme tous les enfants ! Je posais plein de questions»
Et elle a besoin de donner du sens, danser pour danser ne l’intéresse pas, elle veut comprendre la signification de chacun des pas.
 
En 2016, elle ouvre le centre culturel et artistique Arioi. Avec son compagnon, Moe Meder,ils trouvent un espace à Papara et le retapent entièrement sur leur propre deniers, à leur goût et avec des matièresrecyclées. « ‘A tomo mai, ‘a ata, ‘a here », est inscrit dès l’entrée. Ce qui signifie : entre,sourit et aime. Trois mots collant parfaitement à l’esprit du lieu et de ses fondateurs.
 
 
Ensemble, ils accueillent des enfants, des adultes, des touristes et à tous, ils leur racontent laPolynésie. « Je veux porter plus haut et plus loin la culture de nos îles, de nos ancêtres. M’instruire et surtout transmettre. » Grâce à la danse, elle voyage et les rencontres dans le Pacifique continuent de la guider dans la culture. 
Ce sont ces rencontres qui vont mener le couple à s’intéresser au tapa et à expérimenter toutes les façons de le faire jusqu’à devenir des tapa makers
et faire partie de cette petite communauté d’experts. Mais ils n’aiment pas trop ce terme car ils continuent d’apprendre, tous les jours et ne sont pas du genre à se considérer comme des «experts»
 
Le Covid va mettre un coup de frein aux projets culturels mais rapidement ils mettent en place une nouvelle solution : Arioi Access, une plateforme de e-learning.  Car il faut que la culture vivre et se répande même si les frontières sont fermées.
 
                                 
 
 
Aujourd’hui, c’est encore un autre élan qui porte le couple : faire du tapa des œuvres d’art.  Moe Meder veille sur le fa’a’apu où poussent les aute, mûriers à papier, fabrique les outils pour  battre le tapa ; Hinatea Colombani dessine sur ces étoffes naturelles ; et ensemble ils battent le tapa. 
 
« Nous sommes portés par un élan, une énergie, une inspiration. » 
 
Ils travaillent également sur une étude, commandée par l’AFD (Agence Française de Développement) pour établir si une filière tapa est  soutenable économiquement, écologiquement et socialement en Polynésie française. 
 
Le couple entrepreneurs a également créé le ‘Arioi label pour les entreprises qui souhaitent intégrer la culture auprès de leurs salariés et de leurs clients et surtout ne pas tomber dans le piège du folklore mais rester le plus authentique possible. Et ils poursuivent leurs rencontres et leurs recherches 
avec toujours ce même objectif : « Raviver les traditions et que la culture soit cool ! »